Luck by Chance

C'est pleine de rêves de réussite que la jeune Sona débarque à Mumbai pour faire carrière dans le cinéma. Son ami, Vikram, fraîchement sorti d'un cours d'acteur de Dehli, sera pourtant celui à qui la chance va sourire, lorsqu'une star renommée fera faux bond au producteur Rommy Rolly. Entre romance et comédie, LOOK BY CHANCE nous montre l'envers du décor de la célèbre usine à rêves qu'est Bollywood.
Usant de tous les ingrédients classiques des studios de Mumbaï, LUCK BY CHANCE nous invite à pénétrer derrière les décors de ce qu'on appelle communément « Bollywood» . Et cette visite en vaut la peine. Mélangeant allègrement la romance et la comédie, Zoya Akhtar, dont c'est le premier film comme réalisatrice, jette un regard ironique, mais chaleureux, sur cette faune où tout le monde ment, et d'abord à soi-même.
Cette propension qu'ont les personnages à changer leurs histoires à un rythme presque échevelé, l'espace de deux plans, est une joyeuse charge contre un système qui, s'il porte aux «étoiles» quelques-uns pour en faire des stars, en broie et exploite le plus grand nombre. Et la jeune Zoya Akhtar en sait quelque chose, puisqu'elle est issue du sérail, fille de deux scénaristes reconnus de la place. C'est d'ailleurs son père, Javed Akhtar, qui a écrit les dialogues bourrés de répliques, au ton drôle par leur justesse, et exprimant bien l'atmosphère du « chacun pour soi » qui peut régner dans le milieu. Mais ces dialogues seraient plats s'il n'y avait une mise en scène, tirée au cordeau, où chaque regard, chaque mouvement des personnages, nous laissent imaginer la loi de la jungle qui règne dans les studios. Il n'y a qu'à voir, dès la première séquence, le regard carnassier et concupiscent que le producteur lance à la jeune Sona, démentant ses mots chaleureux. Et elle, dont la mimique montre qu'elle a compris qu'elle n'aura rien pour rien.
Véritable conte moral, LUCK BY CHANCE est une sorte de « Comédie humaine », version hindie, mais où il n'y aurait que des Rastignac prêts à tout pour aider la chance, comme le jeune Vikram. Si Luck by Chance se déroule à Mumbaï, son récit est universel car il pourrait aussi bien avoir pour cadre Hollywood, Paris ou ailleurs. Ce n'est pas la moindre des qualités du film.
Martial Knaebel



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